Troisième étape : Choix d’un modèle fonctionnel et d’une structure contractuelle

Choix d’un modèle

Il serait possible de faire régner l’harmonie au sein d’une très bonne équipe et d’entreprendre un processus intégré au moyen d’un modèle classique de conception, d’appel d’offres et de réalisation, mais la gestion des risques et les questions financières déterminent en fin de compte de quelle manière les entreprises et les sociétés entretiennent des relations. Si ces structures ne changent pas, il est difficile de faire en sorte que l’intégration déborde d’un groupe de personnes déterminées jusqu’aux entités pour lesquelles elles travaillent. Même dans le cadre de modèles de réalisation de remplacement, tels que Design-Build (conception-construction) et Construction Manager at Risk (gestion de travaux de construction à risque), ceux qui sont consacrés à l’application d’une approche intégrée finissent par occasionner une dépense d’énergie afin d’éviter d’appliquer les politiques préconisant le statu quo. Il est possible d’entreprendre une telle démarche, mais il ne s’agit pas de la plus facile. L’intégration a davantage de chances de se produire si c’est le moyen qui suscite le moins de résistance de la part des personnes et des entreprises impliquées. Mais pour y arriver, il faut harmoniser les structures incitatives avec cette nouvelle façon de participer, et cette démarche est plus fructueuse en appliquant une structure contractuelle de réalisation intégrée.

Le choix d’une structure contractuelle relève habituellement du propriétaire, mais tout intervenant peut lui suggérer un modèle contractuel visant des travaux intégrés. La réalisation intégrée d’un projet donne lieu à l’harmonisation des structures incitatives afin d’encourager l’intégration, et ce, grâce à des liens contractuels entre au moins deux parties en matière de risque et de profit. Ces contrats comprennent généralement trois mécanismes distincts en vue de partager les risques financiers et les profits découlant d’un projet.

Choix d’un contrat

Les contrats visant la réalisation intégrée d’un projet (RIP) offrent à tous ceux qui sont associés à la structure de risques et d’avantages (tout au moins le propriétaire, l’architecte et l’entrepreneur général) une maîtrise conjointe du projet, ce qui signifie que tous ceux qui acceptent les risques peuvent prendre part au processus de prise de décisions.

Cette démarche peut s’accomplir de l’une ou de l’autre des manières suivantes :

  1. Un contrat multipartite lie le propriétaire, l’architecte et l’entrepreneur général à la structure commune de risques et d’avantages, et des ententes auxiliaires y sont annexées relativement aux sous-traitants et aux consultants de manière à ce qu’ils prennent part au volet de rémunération conditionnelle tout en ayant des droits de vote limités ou aucun de ces droits dans le cadre de la gestion (figure 4).
  2. Un contrat pluripartite associe davantage de membres de l’équipe à la structure commune de risques et d’avantages, et tous ces membres ont un droit de vote ou de veto dans les décisions importantes. Outre le propriétaire, le concepteur et le constructeur, les principaux participants peuvent comprendre les entrepreneurs en mécanique, en électricité ou en plomberie s’ils sont en mesure d’apporter une contribution valable en matière de constructibilité et de coûts. Selon le projet, les monteurs d’éléments de construction en acier, les monteurs de charpentes, les poseurs de murs-rideaux, les principaux fournisseurs de matériel et d’autres intervenants peuvent également compter parmi les principaux participants (Ashcraft, non daté).
Figure 4 : Structure contractuelle multipartite Figure 5 : Structure contractuelle visant une conception et une construction intégrées

Les contrats de réalisation intégrée de projet (RIP) favorisent également l’intégration parce qu’ils exigent :

  • un contrôle conjoint du projet qui implique le propriétaire;
  • une participation précoce des principaux participants, tels que les sous-traitants des corps de métiers et les consultants;
  • des buts conjointement établis et validés;
  • des exonérations de responsabilité.

Ces contrats de RIP ne sont pas utilisés de la même manière aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Les États-Unis mettent de tels contrats à la disposition du public et il est possible de les adapter à divers projets; ils comprennent notamment les contrats ConsensusDocs 300 et C191 de l’American Institute of Architects (AIA, Institut américain des architectes). À l’heure actuelle, le Canada ne dispose pas d’un contrat multipartite normalisé en matière de RIP, mais le Comité canadien des documents de construction est en train d’en élaborer un en se fondant, dans une large mesure, sur les précédents travaux de l’AIA. La RIP a déjà eu cours au Canada, mais en utilisant des contrats sur mesure. Au Mexique, les contrats multipartites ne sont pas encore utilisés dans le cadre d’une démarche intégrée, bien que les spécialistes participent à la conception intégrée dans le cadre du programme LEED d’évaluation des bâtiments écologiques.

Négociations

Dans certains cas, les incitatifs financiers peuvent perturber la motivation intrinsèque consistant à faire preuve d’une plus grande collaboration, et cela peut être le cas si l’équipe n’est motivée que par le seul objectif de construire un bâtiment écologique. Afin d’atténuer cette possibilité, il faut :

  • tenir un atelier visant l’harmonisation des points de vue avant de négocier le contrat;
  • percevoir un contrat comme un permis de créer librement et non comme un ensemble de modalités prescriptives;
  • réitérer, tout le long du projet et à d’importants points de transition, les valeurs qui ont été établies de façon concertée.