Pourquoi et comment mesurer la PGA

Pourquoi mesurer la PGA? - Pourquoi et comment mesurer la PGA

Une grande quantité des aliments produits pour la consommation humaine n’est jamais consommée. En poids, environ le tiers de tous les aliments produits dans le monde en 2009 a été perdu ou gaspillé (FAO, 2011). En Amérique du Nord, environ 168 millions de tonnes de déchets alimentaires sont générées chaque année : 13 millions au Canada, 28 millions au Mexique et 126 millions aux États-Unis, ce qui correspond à 396 kg par habitant au Canada, 249 au Mexique et 415 aux États-Unis (CCE, 2017).

Ces chiffres mettent en évidence trois incitatifs à la réduction de la perte et du gaspillage d’aliments : économique, environnemental et social.

Économique : Les énormes quantités d’aliments perdus ou gaspillés sont actuellement incluses dans le coût d’exploitation. Plutôt que de maximiser la valeur des aliments produits, les entreprises et autres organisations ont tendance à se concentrer sur les coûts d’élimination des produits qui sont perdus ou gaspillés. Elles pourraient réaliser d’importants gains économiques si elles trouvaient des façons rentables d’utiliser les aliments qu’elles envoient aux rebuts.

Environnemental : Lorsque des aliments sont perdus ou gaspillés, ce sont aussi tous les intrants environnementaux qui ont servi à les produire qui sont gaspillés (FAO, 2011). Cela signifie que les terres, l’eau, l’engrais, le combustible et toutes les autres ressources qui ont servi à produire, transformer ou transporter un aliment sont gaspillés lorsque cet aliment destiné à la consommation humaine est jeté. De plus, les déchets alimentaires envoyés dans les dépotoirs produisent du méthane, un puissant gaz à effet de serre. Par conséquent, en réduisant la PGA, une entreprise peut réduire son empreinte environnementale.

Social : Les aliments comestibles excédentaires peuvent être envoyés à des banques alimentaires, des organismes de récupération d’aliments et d’autres œuvres de bienfaisance qui les distribueront à des gens dans le besoin; les aliments seront ainsi utilisés pour une bonne cause au lieu d’être jetés. De nombreuses entreprises estiment que le don ou la redistribution de nourriture est un volet important de leur responsabilité sociale. La nourriture destinée à la consommation humaine n’est pas considérée comme perdue ou gaspillée.

L’expression « ce qui se mesure peut être géré » s’applique à la PGA. La mesure du gaspillage alimentaire permet à une organisation d’en comprendre les causes fondamentales et donc d’agir pour le prévenir.

Le risque du statu quo

Le statu quo présente des risques. Si une entreprise poursuit ses activités en maintenant ses postulats au sujet des niveaux acceptables de gaspillage, elle risque de se faire damer le pion par ses concurrents plus avant-gardistes qui transforment leurs déchets en produits rentables. Les raisons de réduire la PGA sont évidentes, et quiconque en fait fi continuera de gaspiller de l’argent et des ressources. En outre, de plus en plus d’administrations publiques locales, provinciales et nationales interdisent l’élimination des déchets alimentaires ou exigent que les aliments excédentaires soient donnés (Sustainable America, 2017; Christian Science Monitor, 2018). Si cette tendance se maintient, les entreprises pourraient devoir augmenter leurs dépenses pour se conformer à d’éventuels nouveaux règlements.

La hiérarchie de la récupération des aliments

La réduction de la PGA devrait d’abord passer par la prévention, ou la réduction à la source. Bien que certaines destinations des déchets alimentaires aient moins d’effets néfastes que d’autres (p. ex., il est préférable de transformer les déchets alimentaires en nourriture pour les animaux que de les envoyer dans un site d’enfouissement), la prévention devrait être l’objectif principal. Ce principe est illustré dans la Hiérarchie de la récupération des aliments (figure 1) créée par l’Environmental Protection Agency (EPA, Agence de protection de l’environnement des États-Unis).

Figure  1. Hiérarchie de la récupération des aliments

 

Source : Adapté de l’US EPA, s.d.

La réduction à la source (qui consiste à prévenir initialement la production de déchets alimentaires) est la façon la plus souhaitable de s’attaquer à la PGA, parce qu’elle permet d’éviter les impacts néfastes sur les plans économique, environnemental et social associés à la production de nourriture qu’on gaspille. Plus on descend dans la hiérarchie, moins on récupère de valeur des déchets alimentaires, jusqu’à la dernière étape — enfouissement, incinération ou élimination à l’égout — où les impacts environnementaux néfastes sont les plus grands. Sur le plan climatique, à quantités égales, il est six à sept fois plus avantageux d’éviter de produire des déchets alimentaires que de les composter ou de les traiter par digestion anaérobie (biométhanisation) (US EPA, 2016).